Robotica : Cybernation Revolt

CONCEPTEUR
: Micronet
- EDITEUR : Sega - GENRE : Action
NOMBRE DE JOUEUR : 1 - ANNEE DE SORTIE : 1995
A
bien y regarder, la Saturn compte dans sa ludothèque
un certain nombre de jeux d'action en vue subjective réussis.
Parmi ceux-ci, on peut citer Alien Trilogy, Doom, Duke Nukem
3D, Exhumed ou encore Quake. Alors, qu'en est-il réellement
de ce Robotica : Cybernation Revolt, soft au nom moins célèbre
que ses confrères et sorti au tout début de
la console ?

Avec
l'arrivée sur PC de Wolfenstein 3D en 1992 puis et
surtout de Doom un an plus tard sur le même support,
les joueurs d'alors ont pu découvrir un nouveau style
de jeu à même de satisfaire leurs instincts meurtriers
(car c'est bien connu, les amateurs de jeux vidéos
sont tous des criminels en puissance !!) : le jeu d'action
en vue subjective. Rebaptisé par la suite Doom-like
puis FPS (pour First Person Shooter), ce genre de jeu permettant
de s'immerger complètement dans la peau du héros
et de "tout dégommer" a connu un succès
sans précédent qui ne s'est jamais démenti.
Aujourd'hui encore, ces titres sont légions sur les
machines actuelles et prouvent que le genre a encore de beaux
jours devant lui.
Alors, histoire probablement de surfer sur l'engouement du
public pour ces titres mais aussi de profiter de l'arrivée
d'une nouvelle technologie sur le marché, Micronet
a donc décidé un jour de 1995 de développer
le fameux Robotica (à partir de maintenant et pour
la suite de ce test, je zapperais le sous-titre "Cybernation
Revolt". Vous ne m'en voudrez point pour si peu j'espère
!!).
Au
départ, le jeu commence très fort avec une introduction
en images de synthèses d'excellente qualité.
Belle, peu pixellisée, parfaitement mise en scène
et instaurant une ambiance sombre et futuriste des plus appréciable,
cette présentation se classe selon moi parmi les meilleures
de la 32 bits de Sega. Elle nous compte l'histoire du WSSS
(World Silent Security Service) en l'an de grâce 2877.
Fondée huit cent ans auparavant, cette entité
a toujours eu pour but d'unir les pays, les peuples et les
religions de la planète Terre afin de constituer un
ordre mondial préservant la paix et la justice sur
celle-ci. Basée dans l'espace sur un astéroïde
géant nommé Deadalus, le WSSS a jusqu'à
présent parfaitement rempli sa mission de sauvegarde
de l'humanité. Mais depuis peu, Deadalus ne répond
plus aux appels. Il semble qu'un groupuscule terroriste a
attaqué la station et en a pris le contrôle.
En tant que capitaine des forces gouvernementales, il en revient
par conséquent à vous d'investir Deadalus et
d'en reprendre le commandement coûte que coûte.
Passée
cette jolie entrée en matière, on arrive à
un écran titre des plus sobre contenant l'éternelle
mention "press start button". Une fois la chose
effectuée, on est directement catapulté dans
le jeu sans plus attendre. Pas de menu d'options ou de chargement
me direz-vous ? Eh bien non, désolé les gars
mais il faudra aller voir ailleurs pour trouver ça.
On touche à ce propos au premier défaut de Robotica.
Le soft de Micronet ne propose pas de système de sauvegardes
ni de passwords, il faudra le faire d'une traite si on veut
en voir le bout : un comble !! Et quand on sait que trente
niveaux composent le jeu, on imagine facilement l'état
dans lequel on peut se trouver avant d'attaquer une partie.
Cependant, cela peut éventuellement être différent
pour les plus courageux d'entre vous puisque le programme
recalcule automatiquement l'agencement des niveaux à
chaque nouvelle partie. En clair, cela signifie qu'il est
quasiment impossible de tomber sur deux stages identiques.
Mais que personne ne s'emballe, cette particularité
n'est en fait qu'un tour de passe-passe des développeurs
et masque en apparence un autre défaut de Robotica.
Cet
autre défaut, c'est le level design assez catastrophique
dont est pourvu le jeu. Même si, comme mentionné
plus haut, les niveaux sont "reconstruits" à
chaque partie, ils sont en vérité toujours fait
à partir du même moule. Tant est si bien que
l'on passe son temps à se promener toujours dans les
mêmes couloirs bien vides entrecoupés des mêmes
salles bien vides elles aussi : c'est extrêmement monotone.
Dans une base spatiale comme celle-ci, on pourrait espérer
y trouver des dortoirs, des cuisines, des salles de contrôles
ou tout autres traces de vie terrienne. Mais non, c'est le
néant intersidéral. Alors, on se dit que l'action
en elle-même doit-être terrible et sauver tout
ça. Euh...
Vous
m'aurez compris, ce n'est pas le cas. Les occasions de se
battre sont assez rares durant la première moitié
du soft alors que l'on est pourtant en présence d'un
jeu d'action. Même si cela s'arrange un peu par la suite,
les combats s'avèrent malgré tout mous et pénibles
à jouer. La faute en incombe principalement à
une maniabilité douteuse qui ne facilite pas la vie
du pauvre joueur tombé dans ce traquenard. Le personnage
est lourd à bouger, il est difficile de viser correctement
et l'on a plus tendance à s'emmêler les pinceaux
qu'autre chose, tous les boutons de la manette servant.
Histoire de démotiver encore plus, les ennemis manque
cruellement de charisme (ce sont de petits robots bizarrement
designés) et il n'y a pas de boss à affronter.
Vous voyez que côté adrénaline, même
un dimanche après-midi devant Michel Drucker (vous
aimez les chiens ?) en procure davantage.
Point de vue déroulement du jeu, Robotica fait dans
l'archi classique. L'objectif de chacun des niveaux traversés
est toujours le même : trouver la clé qui ouvre
la porte menant au stage suivant. En cours de route, bonus
permettant de récupérer de la vie et des munitions
sont disséminés ça et là. En fait,
la seule vraie originalité du titre vient de la possibilité
d'upgrader la puissance de certaines armes, un peu à
la manière des RPG lorsqu'un personnage monte de niveau.
Ceci prend effet en ramassant un bonus spécial bien
caché et assez rare de trouver. Hélas, cette
bonne idée reste sous-exploitée car noyée
dans le manque de folie inhérent à Robotica.
Mais
alors, il n'a donc que des défauts ce pauvre jeu ?
Non, en cherchant bien, on s'aperçoit que la bande-son
est plutôt réussie. Les musiques, bien que peu
nombreuses, sont de qualité. Elles parviennent sans
encombre à distiller une atmosphère glauque
et mystérieuse qui est en accord avec le jeu. Les bruitages
sont, eux aussi, pas mal du tout. Les explosions sont assez
bien retranscrites et rendent justice à l'idée
que l'on se fait des combats entre robots.
Mais
hélas, c'est bien le seul aspect technique de Robotica
qui s'en tire avec les honneurs car pour le reste, c'est franchement
moyen. Les graphismes n'affichent pas grand chose d'enthousiasmant.
Comme annoncé plus haut et comme les images le montrent,
la variété n'est pas de mise ici. Les textures
des décors sont toutes les mêmes à une
ou deux nuances près et s'avèrent grossières
et fades. Il est clair que la palette de couleurs de la Saturn
n'est pas du tout utilisée par le jeu et c'est bien
dommage. Côté décors donc, ce n'est pas
terrible et le reste ne rattrape rien du tout. Les ennemis
sont sans saveur, voire carrément grotesques pour certains.
Bref, ça manque de folie visuelle, de folie tout court
en fait...
L'animation, quant à elle, souffre de ralentissements
intempestifs dès que l'écran se charge un tout
petit peu. Effectuer le moindre mouvement avec son personnage
devient rapidement un calvaire dans ces conditions là.
En 1995, nous étions au début de l'exploitation
de la Saturn et il est évident que les développeurs
n'ont alors pas pu créer un moteur 3D qui aille en
adéquation avec la console, celle-ci étant en
plus terriblement difficile à programmer. On peut alors
imaginer que Robotica aurait été doté
d'une réalisation technique de meilleure qualité
s'il était sorti un peu plus tard. Mais, cela ne l'aurait
probablement pas empêché de souffrir d'un manque
total d'action et d'intensité. Ce que l'on demande
à un FPS basique en fin de compte.
Robotica
est un mauvais jeu, pas une daube immonde mais juste un mauvais
jeu. Pas très bien réalisé dans son ensemble,
répétitif et surtout ennuyeux à mourir,
il ne mérite pas vraiment de figurer dans toute bonne
ludothèque Saturn qui se respecte. Risque de (et a
déjà en fait) sombrer dans l'oubli.
GRAPHISMES
: 11/20 |
Ce
n'est pas forcément moche en soit, mais le manque
de variété global et le vide des environnements
traversés lassent l'il. Quant au design des
protagonistes, je le répète : il est de
très mauvais goût. |
ANIMATION
: 09/20 |
Le
scrolling ralenti constamment ou presque, ce qui rend
rapidement le soft fatiguant à jouer. |
SON
: 16/20 |
Le
seul aspect vraiment réussi de Robotica. Musiques,
bruitages et voix digitalisées sont de très
bonne facture.
|
JOUABILITE
: 12/20 |
Elle
est un peu lourde et surtout pas évidente à
gérer à cause des ralentissement et de l'utilisation
de tous les boutons de la manette. |
DUREE
DE VIE : 11/20 |
Trente
levels ok, mais ceux-ci sont tellement mous et identiques
les uns des autres que je souhaite bien du courage à
ceux qui veulent aller au bout de l'aventure. Sans parler
de l'absence de sauvegarde de passwords... |
NOTE
GLOBALE : 57%
|
OULIPOP
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