Ikaruga

CONCEPTEUR
: Treasure
Soft - EDITEUR : E.S.P - GENRE : Shoot'em
up
NOMBRE DE JOUEURS : 1/2 - ANNEE DE SORTIE : 2002
Existe-t-il
un jeu autre que celui-ci pour symboliser à lui seul
la renaissance de la Dreamcast ? Certainement pas. Véritable
chef d'oeuvre (désolé de briser le suspense
d'entrée de jeu mais après tout, vous devriez
déjà le savoir ça !!), Ikaruga s'est
de suite imposé au panthéon des plus grands
shoot'em up de tous les temps. Let's go !!

Pour
bien comprendre quel fût l'impact d'Ikaruga sur le monde
vidéo-ludique au moment de sa sortie sur Dreamcast
en septembre 2002, il convient de rappeler la situation dans
laquelle se trouvait la 128 bits de Sega à cette date.
Voilà en effet un an et demi que la firme au hérisson
bleu a stoppé la production de sa console et le rythme
de sortie des jeux n'a fait que baisser inexorablement au
fil des mois pour atteindre même le néant sur
les marchés européen et américain. Quant
au Japon, si quelques nouveautés continuent de voir
le jour, il ne s'agit pour la plupart que de petits softs
sans grande prétention. Bref, en cet fin d'été
2002, la Dreamcast semble être arrivée au crépuscule
de sa (courte) vie et rien ni personne ne paraît être
en mesure d'y changer quoi que ce soit. Mais, c'était
sans compter sur la société de développement
Treasure Soft qui décidait, à l'opposé
de toute logique commerciale, de convertir sur la petite boîte
blanche son shoot'em up qui cartonne alors en arcade : Ikaruga
bien sûr.
Pour
mémoire, Treasure Soft est une petite entreprise japonaise
composée de talentueux programmeurs qui ont toujours
mis au point des jeux à contre-courant, bien loin des
codes établis par les ténors du développement
qui, via leur politique-business, écoulent des millions
d'unités chaque année sans que la qualité
soit toujours au rendez-vous. Bref, Treasure soft fait des
jeux destinés au hard-core gamers et à des années-lumières
des produits grand public. C'est ainsi que nous leur devons
des hits tels que Gunstar Heroes et Alien Soldier sur Megadrive,
Sin & Punishment sur Nintendo 64, Bangaï-o sur Nintendo
64 et Dreamcast, Guardian Heroes sur Saturn et surtout le
monumental Radiant Silvergun, toujours sur la 32 bits de Sega.
Considéré (à juste titre) comme le meilleur
shoot'em up jamais créé sur console, ce dernier
est encore aujourd'hui le symbole d'une Saturn qui, définitivement,
reste une machine aux possibilités incroyables et qui
était à l'époque largement capable de
mettre au tapis toutes les Playstation du monde. A ce propos,
difficile de ne pas remarquer le terme "project RS 2"
qui apparaît à l'écran au lancement d'Ikaruga.
Est-ce la suite directe de Radiant Silvergun ? Et bien non,
il semblerait plutôt que Treasure Soft ait abandonné
en cours de route l'idée de réaliser une séquelle
de leur jeu phare pour finalement donner naissance à
un shoot'em up plus sobre. Pourquoi ce changement d'orientation
en plein milieu du développement ? Ça, personne
ne le sait et nul doute que la réponse ne sera jamais
connu. Frustrant, hein ?
Penchons-nous maintenant sur le scénario de cet Ikaruga.
Enfoui profondément sous terre il y a de nombreuses
années, le diamant nommé (attention, retenez
votre souffle) Ubusubagami Oukinokaï a toujours été
considéré comme perdu à jamais. Pourtant,
les membres de la communauté Houraï ont réussi
à mettre la main dessus et se sont vus ainsi, par l'intermédiaire
du précieux objet, conférer d'extraordinaires
pouvoirs. S'étant pour l'occasion rebaptisés
les Shintsusha, ils ont pris la tête du pays et l'asservissent.
Vous incarnez Shinra, un des derniers survivants de l'organisation
militaire Tentaku qui a tenté en vain de détruire
les Shintsusha. Votre vaisseau vient tout juste de s'écraser
près d'un petit village que vous venez de sauver d'une
attaque ennemie. Reconnaissants, les habitants vous confient
alors l'Ikaruga, un vaisseau à la puissance dévastatrice,
le seul espoir d'anéantir les Shintsusha et ainsi rétablir
la paix dans le pays.
Dès
l'entame de la partie, on est agréablement surpris
par les graphismes de très haute volée qu'affiche
Ikaruga. C'est en effet très beau et d'une finesse
à toute épreuve. Que ce soit les forêts
verdoyantes, les buildings d'une mégalopole, le ciel
encombré de nuages ou que sais-je encore, tous les
décors du soft sont sources de plaisir pour les yeux.
Mais les stars du jeu, les vaisseaux spatiaux, ne sont pas
en reste puisqu'ils sont eux aussi très bien représentés
à l'écran. En plus de posséder un niveau
de détails plus qu'appréciables, ils sont tous
dotés d'un design fort original. Le top du top étant
bien sûr les différents boss de fin de niveau,
tous plus impressionnants les uns que les autres. Ils sont
gros, puissants et dangereux : les affronter reste un des
moments forts du titre. Un mot également sur les effets
de lumières que l'on rencontre tout au long du jeu
lors des tirs et des explosions. Ils sont sublimes et illuminent
magistralement l'écran, une vraie merveille. Enfin,
vous aurez probablement remarqué sur les images qui
parsèment ce test les deux bandes noires verticales
qui encadrent l'aire de jeu. Si ce n'est pas le cas, consultez
d'urgence un ophtalmologue car vous avez un sérieux
problème de vue !! Conversion de l'arcade oblige, on
ne peut y échapper. Fort heureusement, on s'y habitue
très vite pour même ne plus y prêter la
moindre attention au fil du temps.
Par la suite, l'excellente impression laissée par les
graphismes cède sa place à celle, tout aussi
excellente, laissée par l'animation. En effet, malgré
le déluge d'objets 3D et d'effets lumineux, à
aucun moment la fluidité d'Ikaruga n'est prise en défaut,
c'est assez impressionnant. En fait, l'unique moment où
l'animation se voit ralentir, c'est lors de l'explosion d'un
boss de fin de niveau vaincu. Je vous rassure tout de suite,
il s'agit d'un effet voulu de la part des développeurs
dans le simple but d'intensifier un peu plus l'instant critique
où l'une des ces énormes machines de mort trépasse
sous vos assauts répétées. En clair,
le titre de Treasure Soft est une petite merveille d'animation
qui se paye même le luxe à certains endroits
de nous offrir des mouvements de caméra vertigineux
à souhait. A l'image par exemple de celui du début
du second niveau qui accompagne le vaisseau au cur de
sa plongée parmi d'immenses immeubles, de quoi vraiment
donner le tournis.
Mais les petits gars de chez Treasure Soft ne se sont pas
arrêtés en si bon chemin et ont vraiment peaufiné
leur Ikaruga à l'extrême puisque la bande-son
est, elle aussi, une vraie réussite. Les musiques tout
d'abord qui sont en tout point excellentes. Terriblement symphoniques,
elles savent emmener un peu plus le joueur dans ces fabuleuses
ambiances de joutes spatiales qui nous ont tous fascinés
lorsque nous étions plus jeunes. Elles sont aussi pour
beaucoup dans la tension que crée l'arrivée
des boss de fin de niveau, en devenant plus rapides et plus
fortes. En ce qui concerne les bruitages, force est de constater
qu'ils sont percutants comme on l'aime dans un jeu de ce style.
Ils accentuent parfaitement la violence des tirs et des explosions,
rendant ainsi l'immersion du joueur encore plus importante.

Mais
ce qui fait d'Ikaruga un jeu fabuleux, ce n'est pas uniquement
sa somptueuse réalisation technique, c'est aussi son
concept si différents des shoot'em up traditionnels.
En effet, il ne suffit pas ici de tirer sur les ennemis sans
réfléchir, bien au contraire. Tout est basé
sur l'opposition entre deux couleurs : le noir et le blanc.
Je m'explique. Votre vaisseau a la particularité d'être
inclinable, c'est-à-dire qu'il peut pivoter sur lui-même
sans distinction de dessus ou de dessous. Ainsi, il est capable
de présenter à ses ennemis deux faces identiques
mais noire ou blanche, tout en sachant que ses tirs adopteront
la même couleur que lui. En clair, si vous êtes
tourné du côté noir de votre vaisseau,
vos projectiles seront noirs et inversement, si vous êtes
tourné du côté blanc, vous tirerez des
missiles blancs. Mais là où ça devient
subtil, c'est que les ennemis baignent eux aussi dans cette
opposition de couleurs, c'est-à-dire qu'ils sont également
soit noirs soit blancs, et idem pour leurs tirs en fonction
de la couleur de leur carrosserie. De fait, pour les éliminer
plus facilement, il convient de leur envoyer des projectiles
de couleur opposé à la leur. Par exemple, si
un adversaire blanc vous fait face, tournez-vous du côté
noir de votre vaisseau afin de tirer des missiles de cette
couleur et ainsi le détruire en moins de temps qu'il
n'en faut pour le dire. Bien entendu, il est possible d'anéantir
un ennemi en arborant la même couleur que lui, mais
cela aura pour conséquence de rendre vos tirs moins
efficaces et donc de mettre plus longtemps pour l'éliminer.
Alors c'est vrai, cette explication peut sembler assez tordue
de prime abord, mais croyez-moi qu'une fois plongé
dans le jeu, on assimile très vite tout ça.
Ce principe rend chaque partie d'Ikaruga terriblement intéressante
où la concentration doit-être primordiale. Mais,
ce n'est pas tout...
Effectivement,
car pour espérer voir le bout du titre de Treasure
Soft, il vous faudra évidemment faire attention aux
tirs ennemis et plus spécialement à leur couleur
(et oui, encore !!). Votre vaisseau, en plus de posséder
deux côtés de couleur différente comme
on vient de le voir plus haut, peut également absorber
les projectiles de la même couleur que lui. Clairement,
cela signifie que si vous êtes en noir, les tirs adverses
noirs ne vous feront absolument rien, contrairement aux blancs
dont un seul touché vous fera exploser irrémédiablement.
Absorber le plus de tirs ennemis est fortement recommandé
puisque cela aura pour effet de remplir une jauge qui, pleine
ou pas, vous permettra de lancer une attaque spéciale
particulièrement dévastatrice. Slalomer entre
les missiles ennemis tout en tentant de récolter ceux
qui sont de la couleur adéquate sera donc votre pain
quotidien dans Ikaruga. Mais ce n'est pas un problème
vu que la jouabilité du soft est parfaite. Le vaisseau
se manie sans difficulté avec la croix (il est bizarrement
impossible de jouer avec le stick analogique) et il suffit
de trois boutons pour réaliser toutes les actions possibles
: un pour tirer, un pour changer de face et un pour déclencher
l'attaque spéciale.
Côté durée de vie, Ikaruga peut sembler
un peu léger, du fait qu'il ne comporte pas plus de
cinq niveaux. Mais ceux-ci sont, comme tout bon shoot'em up
qui se respecte, d'une difficulté hallucinante. En
beaucoup d'endroits, il vous faudra avoir les nerfs solides
pour faire face aux hordes d'ennemis qui arrivent de toutes
parts. Et puis, il reste la sempiternelle course aux "high
scores" et là, les développeurs ont imaginés
un ingénieux système de comptabilisation des
points. Histoire de parvenir aux je-ne-sais combien de milliards
de points, vous aurez tout intérêt à faire
le plus de "chains" possible. Lorsque l'on sait
qu'une "chain" est égale à trois ennemis
de couleur identique abattus successivement, on tente par
tous les moyens d'en réaliser encore et encore. Cependant,
la difficulté provient du fait qu'une "chain"
peut être interrompue à tout moment en cas de
destruction de vaisseau adverse à la couleur inappropriée.
Ceci fait que même terminé, on revient toujours
sur Ikaruga pour tenter de faire un meilleur score. Et puis,
notons enfin que divers artworks forts jolis sont à
débloquer au fil de l'accumulation des heures de jeu
: sympa !!

Treasure
Soft nous a une fois de plus pondu une véritable bombe
(décidément, c'est une habitude !!). Ikaruga
est en quelque sorte le Radiant Silvergun de la Dreamcast.
Un shoot'em up démentiel que tout possesseur de la
128 bits de Sega se doit d'avoir dans sa ludothèque
et qui, ne l'oublions pas, lui a permis d'entamer une seconde
vie en terres japonaises.
GRAPHISMES
: 18/20 |
Vaisseaux,
décors et effets de lumières ont tous été
hyper soignés et ça se voit. C'est magnifique. |
ANIMATION
: 18/20 |
Aucun
ralentissement, mouvements de caméra fluides et
rapides : c'est impeccable. |
SON
: 17/20 |
Les
musiques symphoniques sont en accord parfait avec l'esprit
du jeu et les bruitages rendent justice à la violence
des combats. |
JOUABILITE
: 18/20 |
Le
vaisseau se manie très simplement. Dommage toutefois
que l'on ne puise pas jouer avec le stick analogique. |
DUREE
DE VIE : 17/20 |
Seulement
cinq niveaux d'accord, mais ceux-ci sont si intenses et
le principe de jeu si bien pensé qu'on y revient
toujours. Et puis il reste le mode deux joueurs et la
course aux "high scores". |
NOTE
GLOBALE : 97%
|
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