Les mangas et le jeu vidéo
Pour
ceux qui ne sauraient pas encore ce qu'est un manga (honte
à eux !!), sachez que ce terme désigne en général
la bande dessinée japonaise. Cette dernière
possède de nombreux genres dont le comique, l'aventure,
le combat, la science-fiction, les mechas, le sexy voire le
hentaï.
Bien sûr pour les non initiés, j'en reparlerai
plus bas en expliquant quels sont les thèmes abordés
dans chaque genre et de quelles manières ils sont adaptés
en jeux vidéos. Ceci constituera la première
partie de ce dossier. Dans la seconde, je ferai un petit aparté
en parlant d'un genre qui fait fureur chez les japonais mais
qui n'existe pas dans nos contrées : le jeu de drague.
Et finalement dans la troisième partie, je parlerai
des jeux s'inspirant de l'univers manga, qui en reprennent
certains codes notamment les dessins ou les animations pour
ce qui concerne les séries animées, mais qui
n'ont aucune parenté avec une quelconque série
existante.
Première
partie : les adaptations
L'utilisation
de licences est une chose fréquente de nos jours dans
le jeu vidéo. Mais les plus intéressantes s'avèrent
être les adaptations vidéo-ludiques de mangas
par l'intermédiaire des séries animées
adaptées elles-mêmes de ces mêmes mangas.
Je m'explique. Bien souvent quand un manga se vend bien, une
série animée est mise en chantier et reprends
plus ou moins fidèlement l'histoire originale. Si en
plus la série fonctionne bien elle aussi, il n'est
plus rare aujourd'hui de trouver des adaptations en jeux vidéos.
Les exemples les plus récents et les plus connus se
nomment Naruto, Dragon Ball Z, Saint Seiya, Robotech, Gundam,
Evangelion, Full Metal Alchemist, etc.

Mobil Suit Gundam : Side Story 0079 (Dreamcast)
Les
genres comique et sexy. Ces deux thèmes sont souvent
associés dans des mangas à succès comme
Love Hina ou Fruits Basket, où quiproquos amoureux
et situations cocasses s'enchaînent. L'adaptation de
ces histoires abordant ces thèmes se transforment en
jeux de drague (je reviendrai plus en détails sur les
jeux de drague dans la deuxième partie).

Love
Hina (Dreamcast)
Les
genres action, aventure et baston. Il s'agit peut-être
des genres les plus populaires et font partie de ce que l'on
appelle le Shonen (manga pour garçons). Si je dis Dragon
Ball Z, Naruto, Saint Seiya ou plus récemment Bleach,
certains sauront de quoi je parle. Pas de surprise ici, les
adaptations restent assez fidèles dans l'ensemble et
l'on se retrouve souvent avec des beat'em all, des jeux de
plate-formes, d'aventure ou de rôles, voire des jeux
de combat.

Dragon
Ball Z Legend (Saturn)
Les
genres science-fiction et mechas. Egalement l'un des genres
les plus apprécié. Celui des Mechas ou des séries
comme Goldorak, Gundam ou Evangelion ont fait leurs preuves
avec en commun la défense de l'humanité aux
commandes de robots géants et avec des scénarios
complexes s'attardant sur les personnalités des personnages
et abordant des questions existentielles ainsi que les raisons
de préserver l'environnement si fragile de notre belle
planète. Leurs adaptations se limitent bien souvent
à de simples shoot'em up ou jeux de baston, ce qui
est bien dommage.

Goldorak
Malheureusement,
trop peu de ces jeux parviennent chez nous, mais la tendance
commence à s'inverser. Voici d'ailleurs quelques exemples
de jeux adaptés de séries animés disponibles
sur Saturn et Dreamcast. Bien évidemment il en manque,
mais cela donne un petit aperçu de ce qui est disponible
en pal et en import :
- Card Captor Sakura (Dreamcast - import).
- Doaremon (Dreamcast - import).
- Dragon Ball Z Legend (Saturn - pal).
- Initial D (Dreamcast - import).
- Love Hina (Dreamcast - import).
- Sword of the Berserk : Guts' Rage (Dreamcast - pal GB).

Sword
of the Berserk : Guts' Rage (Dreamcast)
Tous
les genres sont représentés ou presque : aventure,
plate-forme, baston, shoot'em up, RPG, course, drague, etc.
Même si la qualité de ces jeux est en règle
générale assez inégale, cela ne leur
empêche pas de bien se vendre parmi les fans, bien au
contraire. Parfois, c'est d'ailleurs le scénario inverse
qui se passe. Certains jeux à succès se sont
déjà vus adapter en série animé,
notamment Mortal Kombat, Tekken, Sakura Wars, Gatekeepers,
etc.
Deuxième
partie : les jeux de drague
Seuls
ceux qui pratiquent l'import ont pu s'essayer à ce
type de jeu, qui peut paraître atypique et dont l'accès
est restreint à cause de la barrière de la langue.
Il est d'ailleurs dommage que de tels jeux soient réservés
uniquement au marché nippon car le principe de ces
titres apporterait un souffle nouveau au marché européen
et remporterait aujourd'hui un certain succès à
n'en pas douter.

Izumo
La trame de ces jeux est en général assez simple.
Vous jouez le rôle d'un jeune homme seul mais entouré
de jeunes filles toutes plus mignonnes les unes que les autres.
Votre but : discuter avec elles pour apprendre à mieux
les connaître, établir des relations plus ou
moins amicales et pourquoi pas conclure.
L'interface des jeux de drague se présente bien souvent
de la manière suivante : des écrans fixes et
parfois des séquences animées où apparaissent
les divers personnages dans le plus pur style manga. Il faut
dire que les mangakas sont très forts pour dessiner
de jolies jeunes filles. Moi personnellement, ça me
fait rêver (note d'Oulipop : on imagine à
quoi tu rêves, petit coquinou va !!).
Là, il faut converser avec les différentes intervenantes
par le biais de questions-réponses où vos choix
détermineront par la suite la nature de vos rapports
avec chaque demoiselle. Il est clair qu'au niveau de l'action,
il y a de quoi s'endormir. Pourtant, il vous faudra utiliser
tous vos talents de dragueurs virtuels pour arriver à
vos fins. Quoique parfois, il ne sera pas facile de forcer
votre talent, car encore faut-il comprendre ce qui est écrit
à l'écran !!
Il arrive pourtant que sur certains jeux, il vous soit possible
de vous déplacer et d'évoluer librement ou d'accomplir
diverses quêtes comme dans tout bon RPG qui se respecte
et ça, en plus des phases citées ci-dessus,
même si cet aspect reste moins complet que dans un jeu
de rôle à part entière.

Comic
Party
Ces
jeux de drague ont vu le jour tout d'abord sur PC, où
leur contenu frisait largement la pornographie. Depuis, tout
ça a été allégé pour convenir
au marché plus populaires des consoles. Toutefois même
dans ces versions soft, il n'est pas rare de voir des filles
dénudées, peu farouches et consentantes se faire
draguer puis emballer par le premier venu. Cela peut constituer
un aboutissement pour tous les célibataires qui ne
sont pas des Don Juan et qui peinent pour trouver chaussure
à leur pied.

Yumeria
Une
question se pose alors : pourquoi ces jeux n'existent-ils
qu'au pays du soleil levant ?
Je pense que de nombreuses personnes de la gent masculine
ne seraient pas contre l'arrivée de ce genre de jeux
dans notre pays (franchement, ça nous changerait des
éternels jeux de course et autre simulations de sport).
Après tout, d'autres jeux ont déjà abordé
ce thème sans toutefois être très réussis
ou assez élaborés. Dans le genre, je pense notamment
à Leisure Suit Larry, Playboy the Mansion ou Les Sims.

Playboy
the Mansion (artwork - PC)
En fait, la principale raison vient des murs nippons
qui n'encouragent pas vraiment à l'extériorisation
des sentiments. En effet, les relations entre japonais sont
fondées sur le respect de l'autre. Il faut être
le plus diplomate possible et ne pas froisser autrui, ce qui
n'encourage pas toujours le développement des relations
intimes, de peur d'indisposer l'autre.
Tout cela participe à créer une certaine forme
de timidité ambiante et de froideur qui existe parfois.
D'ailleurs, il s'agit d'un thème récurrent dans
bon nombre d'uvres (mangas et séries animées
justement). "La peur d'avouer son attirance pour l'autre"
est un symptôme assez fréquent mais pas seulement
au Japon.
Une fois cette explication donnée, on comprend mieux
l'engouement provoqué par ce genre de jeux chez nos
amis nippons. Pour preuve, voici quelques jeux qui ont permis
à la Dreamcast de survivre là-bas plus longtemps
que prévu :
- Love Hina.
- Izumo.
- Comic Party.
- Sakura Taisen 1, 2, 3 et 4 (les deux premiers sont d'abord
sortis sur Saturn).

Sakura
Taisen 3 (Dreamcast)
Je
peux également rajouter qu'à défaut de
voir des jeux de ce type débarquer chez nous, des adaptations
animées existent pour Izumo, Comic Party et d'autres
séries dont je n'ai pas parlé comme To Heart
et Yumeria.
Troisième
partie : les uvres indépendantes
Nombre
de jeux se sont inspirés du manga dans leur approche,
que ce soit au niveau de l'histoire, du design des personnages
et de la représentation de leurs différentes
attitudes et émotions par des dessins typiques des
mangas.
Les exemples sont nombreux comme Shenmue, Grandia, Jet Set
Radio, Phantasy Star Online, Skies of Arcadia, Street Fighter,
King of Fighters, Project Justice et j'en passe. Cela fait
d'ailleurs plus de dix ans que ça dure et cela n'est
pas prêt de s'arrêter je pense. Tant mieux me
direz-vous car c'est ce qui caractérise souvent les
jeux nippons, même si ce n'est pas forcément
un gage de qualité.

Phantasy
Star Online (artwork - Dreamcast)
On le remarque assez vite rien qu'en regardant la jaquette
présente sur le boîtier d'un jeu. Il apparaît
clair que l'exploitation d'un univers connu ou totalement
original mais faisant référence au manga permet
bien souvent de réaliser de bons scores de ventes,
que ce soit en Occident ou en Asie. L'un des exemples les
plus flagrants du moment est la saga des Tales of de Namco,
où l'emploi de cinématiques en animé
réduit l'écart entre jeu et série.
Au
delà de l'aspect graphique de certains titres que j'ai
cité, c'est leur scénario et les thèmes
que l'on peut retrouver à l'intérieur qui donnent
lieu à un lien assez étroit entre les deux univers.
En effet, dans Shenmue par exemple on retrouve le thème
de la vengeance qui fait référence aux histoires
de Samuraï et de Ronin, ainsi que toutes les idéologies
et traditions qui se rapportent au Japon.
Pour ce qui est des jeux de baston, on peut les assimiler
comme un hommage aux anciens clans. Même si la trame
scénaristique n'a qu'une faible importance, elle rappelle
toutefois la quête de puissance et la conquête
à laquelle pouvait aspirer les différents clans
peuplant le Japon dans le passé.

Shenmue
2 (Dreamcast)
Là
où le jeu vidéo rejoint parfois le manga, c'est
aussi dans le message qu'il fait passer. Peu importe dans
quel environnement et dans quelles circonstances l'histoire
se déroule, le but est de nous passionner pour ces
personnages parfois si humains, avec leurs qualités
et leurs défauts. De les accompagner dans les moments
de joies et de bonne humeur mais aussi lors d'événements
tragiques où ils devront faire face à l'adversité
et à moults dangers. Dès lors, on a plus qu'une
envie, c'est de poursuivre l'aventure et de la terminer même
si l'on aimerait qu'elle ne s'arrête jamais.
Le meilleur exemple que je connaisse est Grandia 2, où
le héros principal, en plus de la mission qu'il doit
accomplir, devra affronter ses propres démons pour
avoir une chance de s'en sortir. Il en va de même pour
la galerie de protagonistes secondaires qui ont des motivations
distinctes mais en commun un passé dont le poids est
dur à supporter.

Grandia
2 (Dreamcast)
Je
finirais donc par conclure que désormais, il apparaît
difficile de dissocier manga et jeu vidéo car les deux
sont presque devenus complémentaires. Aujourd'hui,
il m'est dur de croire qu'une telle association disparaisse
un jour, même si à mon avis les deux supports
se doivent de rester une véritable forme d'expression
avant tout, plutôt qu'être une source d'argent
facile.
Voilà, j'espère que ce dossier vous a plu.
J'aurais voulu qu'il soit plus conséquent qu'il ne
l'est, mais je ne voulais pas m'embarquer dans une histoire
sans fin et saouler les éventuels lecteurs avec des
termes qu'ils ne connaîtraient pas. N'hésitez
pas à donner votre avis sur le forum.
MIKE
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